
Voile occulte, greffe mensongère, ou mise en scène d’un passé révolu en un passé actualisé, quand la fiction pénètre l’Histoire, elle doit être caractérisée pour ne pas faire de l’ombre à notre rapport au présent, et afin que l’Histoire, qui doit éclairer, ne modèle pas le regard. Sinon, celui qui l’écrit fixe au seuil l’autre, souvent le « naturel » qui ne l’écrit pas, et nous, les autres, nous n’existons pas, possédés et susceptibles de dépossession. À moins de nous lancer aussi à l’abordage.

Dans un entretien à la revue PROJECT-ILES au sujet de son essai Afropea, Utopie post-occidentale et post-raciste (Grasset, 2020) Léonora Miano évoque notamment la puissance du féminin. On poursuit l’exploration de cette force dans la Triomphante, une nouvelle parue en décembre dans Marie-Claire sous forme de conte de Noël1.
Leonora Miano, French/Cameronian writer in 2013. Credit: Ulf Andersen / Aurimages.

Le marronnage remonte à l’installation humaine sur l’île Bourbon. « Royaume de l’intérieur », comme le rappellent dans leur contribution Charlotte Rabesahala et Jean-Cyrille Notter. Les Malgaches s’enfuient dans les Hauts […] Le maronage s’installe durablement et définitivement avec un personnage devenu emblématique : Anchain (ou Saina) qui, restant dans les Hauts quand certains de ses compagnons sont redescendus sur le littoral, a constitué le Royaume de l’intérieur, Chez Saina, Antsaina (devenu Piton Anchain). »


