Mémoires au soleil, dernier roman d’Azouz Begag est un texte bouleversant sur l’identité, la filiation, la mémoire franco-algérienne. On suit un père frappé par la maladie d’Ali Zaïmeur et qui fait des fugues. Un jeu de piste entre le père et le fils (nommé Azouz et son frère Nabil) chargé par la mère de le retrouver. Alors qu’ils habitent à ce qui s’apparente à la banlieue lyonnaise, leur mère est chamboulée par l’errance de ce père qui cherche à s’en aller chez lui au douar bendouab à pied via l’A7 ! Un très beau roman traversé par l’autobiographie d’un auteur au sommet de son oeuvre. L’écriture est limpide, pleine d’humour : un pont sur la Méditerranée nommé Begueg. Un hymne à l’enfance. Une déclaration d’amour au père aujourd’hui disparu. L’expression de l’amour indéfectible pour une terre L’Algérie, sans renier le pays de naissance : La France, la ville de toujours : Lyon. L’écriture ici est comme une façon de lutter aussi contre le Li fet met (en arabe algérien) qui considère que ce qui « est passé est mort ». Mémoires au soleil, c’est aux éditions du Seuil. Sortie librairie dès le 1er Mars 2018.
Nassuf DJAILANI
http://www.seuil.com/ouvrage/memoires-au-soleil-azouz-begag/9782021392005
Extrait :
« Ce jour-là, une envie de vengeance m’avait gagné. Je rêvais de voir plus tard mon nom de famille en haut de l’affiche pour sortir mon père de l’anonymat, de l’indigénat, et lui rendre sa dignité d’homme libre. La langue française allait devenir l’instrument de ma revanche contre son analphabétisme. Dans cet objectif, j’ai lu des années durant tous les livres qui passaient dans mes mains, me forçant à comprendre les choses complexes, un dictionnaire toujours à portée des yeux, jusqu’à devenir obsédé par l’accord des compléments d’objet direct dont j’avais fait ma spécialité. Certains faisaient des mots croisés pendant leur loisir, moi je traquais dans les phrases, les paragraphes et les pages des livres les fautes d’accord du C.O.D. ! »