Ananda Dévi rencontre des scolaires au Salon Athéna, thème du jour : la violence dans ses oeuvres
« Pourquoi tant de violence dans vos œuvres? » c’est à cette question que la romancière mauricienne Ananda Devi a tenté de répondre lors de la 2ème édition du Salon du livre Athéna à Saint-Pierre à La Réunion. La romancière commence d’abord par raconter la genèse de son roman Eve de ses décombres qui a pour cadre un quartier de l’île Maurice, son île natale. Un quartier dans lequel elle a décidé de poser sa table d’écrivain pour observer cette société saturée de violence, pour tenter de comprendre. C’est l’histoire de 4 jeunes (deux filles et deux garçons) qui habitent un quartier imaginaire qu’elle a baptisé « Trou marron », et la romancière « voulait raconter leur histoire de l’intérieur », parce que pour elle « chaque roman tente de répondre à la question pourquoi ». « C’est un peu le rôle de l’écrivain, d’être un peu caméléon, de se transformer, de suivre un personnage et tenter de voir jusqu’où il peut aller ». « Avec le Sari vert, j’ai fait parler ce vieillard mourant très violent qui vit avec sa fille et sa petite fille », une histoire que « m’a racontée ma mère enfant et qui m’a poursuivie, j’ai voulue comprendre cette explosion de violence chez cet homme ». Pourquoi cet accès de violence ? Pourquoi tous ces romans mettent en scène cette noirceur ?
« C’est par l’écriture que je parviens à comprendre les Hommes »
« A Maurice on est un peu dans un silence coupable notamment des violences conjugales » et « pour moi c’est par l’écriture que je parviens à le comprendre ». « On a ce mythe de Maurice, île douce, paradisiaque, mais on ne se rend pas compte de ce qu’il y a en dessous, c’est pour cela que quand ça explose, cela se passe de façon excessivement violente ». « Mon premier livre publié parlait de la prostitution, un livre dans lequel j’ai pris le parti de dire « je », un livre paru en Côte d’Ivoire dans les années 80 et le distributeur mauricien de l’époque a refusé de faire venir le livre à Maurice par peur de choquer les lecteurs ». « En apparence le Mauricien est très souriant mais à l’intérieur ça bout ».
Dans quelle langue dire, parler de cette violence ?
Dans Eve de ses décombres « je me suis posé la question de savoir si j’adopte le langage parler des banlieues, mais je me suis rendue compte que ça aurait été une langue artificielle qui serait passée de mode puisque le langage évolue, alors j’ai préféré le langage intérieur des personnages qui est universel pour dire ce que ressentent ces gens, ces personnages ».
Nassuf Djailani
A signaler la parution de son recueil de nouvelles :
L’ambassadeur triste


Des liens intéressants pour poursuivre :
http://www.rfi.fr/hebdo/20150403-litterature-inde-ananda-devi-entre-chagrin-pitie-ambassadeur-triste
Mohamed Toihiri et son école du Bangano à Saint-Pierre
Le romancier comorien Mohamed Toihiri fait parti des invités prestigieux de la 2ème édition du Salon du livre Athéna 2015 qui se déroule dans la ville de Saint-Pierre. Il était devant une classe pour parler de l’une de ses dernières pièces de théâtre L’école de Bangano parue aux éditions Klanba.
« L’Ecole de Bangano est une institution où l’on apprend à terrasser son adversaire par le seul pouvoir de la parole. On y voit, tour à tour, s’inscrire une jumelle désireuse de flétrir sa sœur devenue sa rivale, une amante pour démolir l’épouse, le héraut de l’opposition souhaitant, grâce au verbe, devenir le héros du parti au pouvoir. Au fil des scènes, la pièce découvre la vilenie de l’âme humaine. Romancier, auteur de plusieurs pièces de théâtre, Mohamed Toihiri, en faisant de la parole, sinon le personnage, du moins l’élément central de sa nouvelle pièce, renoue avec l’origine du théâtre. »
Extrait de l’oeuvre :
« En voilà une affaire qui marche. Qui aurait dit que dans un pays dit musulman, une école de la dispute aurait marché ? La sunna dit plutôt qu’il faut tout faire pour réconcilier deux croyants qui se sont disputés. Chez nous on fait exactement le contraire. On rapporte, on colporte, on médit, et on attise. La haine est finalement la chose la mieux partagée par les êtres humains »


La romancière Michèle Rakotoson au salon Athéna avec Tovonay
Il est 8h30 sur le front de mer de Saint-Pierre. Une brise caresse les peaux des festivaliers qui vont et viennent dans les stands des libraires. Les bruits des vagues au loin rythme les lectures qui s’engagent lors des rencontres avec les scolaires. La première à donner de la voix, c’est Michèle Rakotoson.
La romancière malgache est l’invitée de la 2ème édition du salon du livre Athéna 2015 qui se déroule du 8 au 11 octobre dans le sud de La Réunion à Saint-Pierre. Devant une classe, elle propose une lecture de l’un de ses derniers roman Tovonay qui raconte la vie d’un enfant malgache qui se bat pour vivre à Madagascar auprès de sa grand-mère bienveillante et pleine de conseils.
En lisant, « j’ai eu l’impression d’être Tovonay« , lance un jeune dans l’assistance. « La meilleure des récompenses pour un écrivain » confiera émue Michèle Rakotoson à l’issue de la rencontre.
Nassuf DJAILANI


A propos de Tovonay
Petit roman initiatique à structure narrative très simple et au style dépouillé à l’excès, sans surprise rhétorique.
Une famille malgache doit abandonner son village que le père de famille, Reboza, a eu à quitter en premier pour aller travailler dans les mines de saphirs, et espérer mieux survivre. Encouragée par Endre, sa belle-mère, Ravo avec son fils aîné Tovonay âgé d’une dizaine d’années, et Vahinala, la petite sœur de quelques mois, débarque à Antananarive. Le narrateur omniscient nous décrit les tribulations de cette famille, avec un Tovonay propulsé malgré lui dans la vie d’adulte car il doit jongler avec ses études et son rôle de jeune chef de famille qui doit seconder sa mère à la santé fragile. Accueilli par quelques âmes charitables qui vont l’aider à se tirer d’affaires, le trio végète dans la grande ville jusqu’au retour du père qui rapporte quelques économies et l’idée fixe de se réinstaller au village.
« Michèle Rakotoson, en dénonçant l’exode rural, dénonce aussi la vie misérable des laissés- pour-compte dans la grande ville et l’incurie de la classe dirigeante. Le roman se termine sur une note d’espoir car Reboza veut que son fils poursuive ses études et accomplisse ainsi son rêve de devenir médecin ! »
Lu sur le site de l’association pour la promotion des arts et des cultures d’Afrique.
Tovonay, l’Enfant du Sud
Michèle Rakotoson
Roman
Éditions Sépia
ISBN 978-2-84280-159-5, mars 2010, 128 p.