Aboubacar Saïd Salim était connu jusque-là comme romancier et Professeur de littérature, critique littéraire, il vient d’ajouter un troisième ou un quatrième genre à sa palette de création. Il faudra dire désormais romancier, critique et poète comorien. Ce sont cinquante quatre poèmes écrits entre 1980 et aujourd’hui qu’il rassemble dans ce recueil paru dans la jeune et excellente maison d’édition comorienne Coelacanthe. A la lecture de ce recueil on ressent une sorte d’amour-haine qu’éprouve le poète envers cet archipel qui l’a vu naître un matin de 1954 à Moroni. C’est que Aboubacar Saïd Salim est un poète qui affronte le difficile quotidien des comoriens, et partout où son expression se fait corps, il ne se prive pas de le faire entendre, de l’écrire, car les écrits restent quand les commentaires s’envolent. Aboubacar Saïd Salim est un passionné de la transmission. Il ne tolère pas le sort fait à ce pays qui boîte, alors pour l’avoir trop dit, les régimes successifs l’ont jeté en cellule plus d’une fois. Et c’est souvent pendant ces périodes de captivité que sa plume est la plus féconde. Ce sont toutes ces expériences, ces uppercuts que lui ont asséné la vie qu’il tente de partager dans Mutsa mon amour. Alors pourquoi Mutsa ? Mutsa c’est le diminutif de la ville de Mutsamudu, capitale de l’île autonome d’Anjouan, l’une d’une quatre îles de l’archipel des Comores. Et Mutsa aussi pour évoquer son amour-haine pour cette ville d’où a émergé l’une des formes les plus tragique du séparatisme comorien.
A reblogué ceci sur mabelhad.